27 septembre 2016
Date et lieu
Mardi 27 septembre 2016 à 10h30 au Pavillon La Laurentienne – salle 1430V
Intervenants
Moussa MARA, ancien premier ministre du Mali
Ibrahima SIDIBÉ-POMMIER, spécialiste du Mali et des questions sahéliennes
Résumé
La crise malienne circonscrite depuis l’intervention Serval de 2012 et le retour d’un pouvoir légitime à Bamako est loin d’être achevée au regard de l’actualité sécuritaire du pays. Celle-ci a été marquée par la persistance de l’insécurité dans le Nord et la dissémination du terrorisme à Bamako et dans l’ensemble du territoire.
Enclenché par les accords de Ouagadougou de juin 2013, le processus de paix, bien qu’ayant permis la tenue des élections présidentielles, a été incapable d’instaurer la paix. La défaite de l’armée malienne face au MNLA et ses alliés en mai 2014 à Kidal a montré les limites d’une solution militaire. Malgré la présence de la MINUSMA, et des forces françaises Barkhane, la région de Kidal échappe toujours au pouvoir central. Cette région, devenue depuis les années 2000 une zone de non-droit, cristallise toutes les problématiques de la crise de l’État et de son institutionnalisation. Un an après la signature mouvementée des accords d’Alger (8 mois de discussions sous la houlette de l’Algérie et de la communauté internationale), la situation est à la confusion des rôles et les chemins de la paix, truffés d’embûches butent sur la réalité de la complexité du problème du Nord au Mali. Face à un pouvoir affaibli face aux groupes armés légitimés, occupant toujours la région de Kidal, l’État malien ne parvient pas à restaurer son autorité dans des pans entiers du territoire comme on le voit dans le Macina. Cette situation paradoxale profite aux réseaux djihadistes et narcotrafiquants qui poursuivent leurs œuvres de fragmentation violente de la société malienne de plus en plus abandonnée par le pouvoir.
L’objet de cette présentation vise à expliciter les enjeux de cet énième accord de paix entre l’État «sous tutelle» malien et des groupes armés Touareg légitimés par la communauté internationale et peu représentatifs de la réalité sociotechnique du Nord Mali. L’interpénétration des agendas entre les différents acteurs montre la complexité géopolitique du territoire malien via la région de Kidal épicentre de la crise malienne.
En quoi ces accords de 2015 peuvent-ils se démarquer des précédents accords (1991, 1996, 2006) et imprimer une dynamique de paix réelle et de reconstruction politique du pays? Telles sont les problématiques auxquelles cette présentation tentera d’élucider inspirées les recherches doctorales de Ibrahima Sidibé-Pommier et le témoignage d’un acteur-clef des évènements tragiques de mai 2014, l’ancien premier ministre Moussa Mara.